Extrait d’une conversation entre deux promeneurs au château de Fontainebleau.
– Hé ! Regarde ce qu’il y a écrit sur ce panneau, c’est absurde ! Si la pelouse était « interdite », il n’y aurait pas de pelouse du tout ! Je veux dire, on ne l’aurait pas fait pousser à cet endroit. Ce qui est interdit, c’est l’accès à la pelouse. Tu suis?
– Ben on dit bien « sortie interdite » et personne ne s’en plaint.
– Oui, car il est interdit de sortir. Dans notre cas, est-il interdit de « pelouser »?
– Mouais… Tu verrais quoi à la place?
– « Accès interdit » ?
– Bof, on pourrait croire que l’accès n’est interdit qu’à l’endroit du panneau. Avec « pelouse », on comprend que c’est toute la pelouse qui est concernée.
– C’est pas faux. En même temps, on voit bien que c’est une pelouse. Est-il besoin de le préciser?
– Ah non ! Tu vas pas me la jouer à la Fernand Reynaud maintenant! Tu proposes quoi?
– « Interdiction de marcher »?
– Intéressant ! Ca veut dire qu’on peut jouer au foot ou pique-niquer, car dans le premier cas on court et on tape dans un ballon et dans le second on est assis et on mange.
– Bon, alors « Interdiction de marcher, de courir et de manger » !
– Et le gamin qui se roule dans l’herbe, il se sent concerné tu crois? Et le chien qui a envie de faire ses besoins? Hein? Il comprend le message tu crois?
– C’est toi qui chipotes maintenant ! Et puis d’abord, qu’est-ce qui se passe si on piétine cette fichue pelouse ? Qu’est-ce qui va nous arriver ?
– Une remontrance de la part d’un gardien, et peut-être même une contravention!
– Ah bah dans ce cas, ils n’ont qu’à écrire « gazon maudit » ! Là, au moins, le message est clair.
– Dis-donc t’as de sacrées références toi ! Mais tu n’as pas peur que ça porte à confusion? Parce que « gazon maudit »…
[To be continued]