L’affaire se répète…

Nicolas Sarkozy s’exprimant sur TF1 le 27 octobre :

Il y a un vieux débat sur le fait de savoir est-ce qu’il faut séparer les banques de dépôt des banques d’affaire. J’ai toujours été sceptique dans cette affaire. Parce que, qu’est-ce que ça consiste à faire ?

Revoir l’interview à 24’05 »

Cette leçon vaut bien un reblochon

Cette idée de surfer sur une erreur de prononciation courante est bien trouvée. C’est vrai qu’à l’oral, on a naturellement tendance à remplacer le « e » par un « o » afin d’équilibrer les sonorités et faciliter la prononciation du mot reblochon.  C’est la même chose avec « infractus » au lieu d’infarctus, « soupoudrage » au lieu de saupoudrage.

Mise dans la bouche d’une petite fille innocente, la faute déculpabilise les adultes qui retiendront quand même la leçon ! Et puis ça change des pubs mièvres sur les fromages aux soi-disant vertus aphrodisiaques…

Carla Bruni-Sarkozy : « les costards d’image qu’on taille aux personnes »

Carla Bruni-Sarkozy : « les costards d’image qu’on taille aux personnes »

« Je trouve que tous ces espèces de costards d’image qu’on taille aux personnes sont plus dus aux personnes autour qu’à la réalité »  se défendait Carla Bruni-Sarkozy lors de l’interview accordée deux jours avant son accouchement à Benoît Duquesne et diffusée sur France 2 dans le cadre de l’émission Complément d’enquête le 20 octobre.

Il semble que la Première dame de France ait involontairement mélangé deux expressions distinctes : « tailler un costard » et, sans doute, « salir une image ». Le résultat, vous en conviendrez, ne veut plus dire grand chose.

« Tailler un costume (en argot, un costard) à quelqu’un » revient à dire du mal de lui, à lui faire une mauvaise réputation (et donc à salir son image!). A noter qu’il existe une variante plus « détente », plus estivale aussi : « tailler un short ».

À l’origine (1883), l’expression était flatteuse: « faire un costume à quelqu’un », c’était applaudir un acteur dès son entrée en scène et ce, avant même qu’il ait prononcé la moindre parole. Puis l’expression, devenue ironique, a été croisée avec celle plus ancienne d’« habiller quelqu’un pour l’hiver » avec l’idée de mettre quelque chose (la médisance, la calomnie…) sur son dos. L’image est un peu analogue dans « casser du sucre sur le dos de quelqu’un » (1868).

C’est donc dans ce sens négatif que l’expression « tailler un costume » s’est répandue au milieu du XXe s. Pourquoi « tailler » à la place de « faire »? Sans doute par analogie avec tailler en pièces, mettre en morceaux.

Loin de moi l’idée d’accabler Carla Bruni-Sarkozy (encore moins de lui tailler un costard), bien au contraire, ce genre de confusion est très courant, et méritait bien, sur ce blog, un traitement de faveur.

Revoir l’interview : Carla Bruni-Sarkozy s’exprime de 37’22 » à 47’05 » (« costard d’image » à 44’17 »)

Quand le français se tape l’affiche

À l’occasion de la sortie de Polisse, le nouveau (et très attendu) film de Maïwen, je ne peux m’empêcher de repenser à ces affiches de publicité ou de cinéma, lesquelles, affublées de leur slogan ou de leur titre « à faute » ont picoté nos pupilles toute l’année durant.

Tout a commencé pendant les fêtes de Noël avec cette affiche Monoprix où s’étalait, en lettres XXL, le message « réveillon nous ».

D’un point de vue publicitaire,  le jeu de mots, basé sur l’homonymie entre deux mots de la même famille – le verbe pronominal se réveiller, conjugué à la première personne du pluriel de l’impératif présent et le nom commun réveillon – est bien pensé. D’un point de vue orthographique, c’est une autre histoire. Passons sur la découpe incorrecte des syllabes et sur l’économie de trait d’union entre le verbe et son pronom réfléchi, et concentrons-nous sur ce « s » qui manque à l’appel.

On avait bien à notre disposition le verbe réveillonner, dérivé du nom réveillon, et qui donne, au même mode, au même temps et à la même personne : réveillonnons. Mais le rapprochement avec se réveiller, qui semble tant tenir à cœur aux créatifs, disparaît, et l’intérêt du message avec.

Alors on aurait pu imaginer le compromis suivant : « réveillons-nous ». L’homonymie est toujours présente et la conjugaison respectée. Certes, le nom réveillon, devenu pluriel, apparaît de manière plus subliminale à la lecture, mais l’association d’idées reste largement favorisée par le contexte des fêtes de fin d’année.

Bon, puisqu’on ne peut pas rejouer le match, et que les alternatives sont moins heureuses niveau « créa », imaginons qu’un élève de CE2, qui est justement en train d’apprendre les conjugaisons, tombe sur l’affiche. « M’man ya une faute là ! », « Où ça chéri ? », « Ben là !». « Ah ! heu, oui, tu as raison mon cœur, mais heu… c’est une publicité ». Et les « zéro pointé en dictée » de se découvrir une vocation prématurée pour les métiers de la pub…Ceci expliquerait cela…

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Confusion des genres

 Alors là ils ont fait fort le CG de l’Aisne!

De prime abord, on a une campagne de communication qui vise à rendre le département plus attractif, destinée aux quadra parisiens qui ont « besoin d’air ». Jusque là rien de bien nouveau sous la grisaille. Le ton est humoristique et décalé. Très décalé même, si l’on en juge le couple en plein ébat dans un champ de colza…

Mais le pire reste à venir. Le pire, c’est qu’on vous propose d’apprendre « l’Aisne’glish », pour faire, je cite « un effort d’intégration ». Et la ça coince. D’abord parce qu’on ne comprend pas du tout le rapport entre ce département français, qui gagne sans doute à être connu, voire, pour les plus optimistes, colonisé, et l’anglais. Alors oui, avec « Aisne », on peut faire plein de jeux de mots rigolos comme « Aisne’glish », « Aisne’joy », « 100% pur l’Aisne » mais aussi une magnifique signature : « l’Aisne it’s Open ».

Après un détour par le site, je réalise comment l’on peut passer, d’un seul clic, du « décalé » au « débile ». Un  module offre la possibilité de poser une question à quatre individus grimés façon « père noël est une ordure ». J’ai simplement tapé « Aisne », un type tout dégueu me répond avec un accent bien français : « Aisne is the fourteen letter of the alphabet ». OK, quoi d’autre? Je rassure les plus coquins d’entre vous, ce n’est pas plus drôle quand on tape des mots à connotation sexuelle. Ne perdez donc pas votre temps!

Sans compter que le moteur de recherche du site se nomme »droit au but », la devise de l’Olympique de Marseille. Au point où on en est, autant ratisser large et tant pis si personne ne comprend le rapport…

Non, vraiment, ce genre de conneries, ça m’fout la H’Aisne!

Coq en stock

On connaissait l’onomatopée « Cocorico », imitant le cri du coq domestique, et qui serait à l’origine de son nom*. On sait maintenant qu’en remplaçant les 2 premiers « C » par des « K », on obtient la dernière fragance masculine de Jean-Paul Gaultier. Avec ce nom franchouillard, JPG essaie-t-il de se racheter une conscience après s’être lui-même fait racheter par un groupe espagnol? On a peine à y croire quand on voit l’ambiance « flamenco » du spot pub. Et pourquoi KoKorico, et non pas CoCorico (tant qu’on y était)? Pour rendre hommage au mannequin de la pub, Jon Kortajarena? Pour faire plus branché ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas mettre que des « K »? Parce q’avec un « K » de plus, on a affaire à une chaîne de rôtisseries de poulet, particulièrement populaire en Colombie.

Triste sort pour nos coqs…

* En réalité, l’origine onomatopéique du mot coq fait débat. Pour certains, elle est attestée dès le VI° s. en bas latin sous la forme coccus, or ce mot ferait référence au cri de la poule et non du coq. Pour d’autres, coq viendrait du latin coccum, « couleur écarlate » et serait à l’origine de l’onomatopée coquerico (XVI° s.), refaite au XIXe en cocorico. (Source: Dictionnaire historique de la langue française, ss la dir. d’Alain Rey, nouvelle édition juillet 2010)