« Je t’emmerde avec un grand A » : du bon usage de l’alphabet.

On la connaît tous, cette tournure emphatique qui consiste à épeler la première lettre d’un mot tout en la faisant précéder de l’adjectif « grand ». La plus courante semble être « l’amour avec un grand A » qui qualifie l’amour absolu, unique, sincère auquel nous aspirons tous (sans doute par opposition à l’amour moche-mesquin-menteur que nous connaissons tous).

Jusque-là rien de bien compliqué, c’est du niveau CP ! Sauf que depuis quelques temps, l’expression – comme la langue française dans son ensemble – est maltraitée. En cause, la télé-réalité, mais aussi la publicité. Retour sur quelques maladresses plus ou moins volontaires… et plus ou moins pardonnables !

Tout a commencé en 2002, lorsque David, le beau gosse de Loft Story 2, adresse à un autre candidat (Kamel ?) cette phrase assassine : « je t’emmerde avec un grand A ». Hilarité de la presse (Ça aurait balancé sur Twitter !). Humiliation du principal intéressé qui n’apprécie pas d’être pris pour un « teubé ». Malheureusement, c’est tout ce que l’on retiendra de son passage dans l’émission.

Même combat pour Didier de l’Amour est aveugle, qui déclare en 2011 : « l’expérience aura réussi si jamais je rencontre la femme avec un grand A ». A-ïe ! Que s’est-il passé ?

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Pourquoi y a-t-il autant de coups dans le foot ?

Si un match (pardon, une partie) de football n’a rien à voir avec un combat de boxe (un combat de coqs à la rigueur !), le terme coup revient à de très nombreuses reprises. Or l’étymologie renvoie bien au coup de poing, et même au coup de poing à la tempe, pouvant être mortel (brrr !). Mais comment est-on passé du poing au pied, et surtout, quel est le sens exact du mot appliqué au football ?

Difficile d’envisager de jouer au foot si on ne sait pas donner de coup de pied dans le ballon pour le faire rouler. Dans ce cas, le sens est bien celui d’un « mouvement par lequel un corps en heurte un autre ». C’est cette première frappe qui est à l’origine du coup d’envoi, marquant le commencement du match.

Mais c’est avec le coup du chapeau et le coup du sombrero que coup prend le sens de tour : « tour de force » voire « tour de magie ». Mais que viennent faire ces histoires de couvre-chefs dans notre affaire de « balle au pied » ?

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Omar m’a tuer, Omar m’a pousser… Y’en a marre !

Il y a un an, dans un billet intitulé Quand  le français se tape l’affiche, je pestais déjà contre la déclinaison médiatique dont la(tristement) célèbre formule « Omar m’a tuer » faisait l’objet. Une nouvelle affiche publicitaire pour Canal + nous donne encore l’occasion de nous interroger sur les dangers d’un exercice de style pratiqué sans filet.

Depuis que Mitterrand m’a tuer (sous-titre d’un livre de Jacques Médecin) en 1994, Mc Do m’a tuer, L’Open space m’a tuer, Facebook m’a tuer, La gauche m’a tuer, Google m’a tuer, Sarko m’a tuer, Twitter m’a tuer… pour ne citer que quelques exemples d’accroches publicitaires et éditoriales qui ont fleuri ces dernières années.

Petit rappel des faits : l’inscription « Omar m’a tuer » aurait été tracée par Ghislaine Marchal à l’aide de son propre sang le 23 (ou le 24?) juin 1991 alors qu’elle agonisait dans la cave de sa villa, désignant clairement Omar Raddad, son jardinier, comme assassin. La faute d’orthographe a bien entendu été considérée par les enquêteurs. D’abord, ils ont pensé qu’une femme aussi respectable que Madame Marchal n’aurait jamais pu commettre une telle erreur ! Puis, ils se sont rendu compte, en épluchant ses correspondances, qu’elle n’était pas à sa première entorse à la langue de Molière, et qu’elle était même carrément fâchée avec les participes passés. Soit.

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