Comment le pivois a mis Pivot sur le pavois

Vendredi dernier, je suis allée voir Bernard Pivot qui officiait pendant quatre petits jours seulement au Théâtre du Rond-Point. Un événement que je n’aurais raté pour rien au monde !

Pendant plus d’une heure, débout devant son pupitre ou assis dans l’authentique fauteuil d’Apostrophes, il nous a conté les meilleurs mots-ments de sa vie.

À l’évocation du premier mot,  jeunesse, le voici tantôt crâneur au volant d’un triporteur de fruits et légumes (ses parents étaient épiciers), tantôt stratège à bord d’un train fantôme, profitant, avec la complicité d’un « gratteur de tête », du contact physique de jeunes filles apeurées. Ces souvenirs de fête foraine ont inspiré son premier (et longtemps unique) roman L’amour en vogue (1959).

Arrive le temps des vendanges, véritable éveil à la sensualité à la vue de ces « Fragonardes » (mot inventé par Colette en 1932 pour désigner des femmes pulpeuses, telles que Fragonard les peignait) qui se penchaient pour cueillir les raisins. C’est d’ailleurs grâce au vin qu’à 23 ans, Bernard Pivot se tire d’affaire d’un entretien d’embauche – qui semble mal engagé – au Figaro Littéraire. Maurice Noël, alors directeur du journal et grand amateur de Beaujolais, alléché par la proposition du jeune Pivot de lui faire goûter la cuvée parentale, le prend trois mois à l’essai.

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8 tics de langage à faire taire d’urgence !

Ils servent à meubler notre discours, à nous détacher de notre propos, à conclure sans faire le moindre effort, à interpeller notre interlocuteur (qui n’a rien demandé). Ces mots parasites trahissent notre maladresse et notre manque de maîtrise. Mais pour parvenir à s’en débarrasser, encore faut-il savoir les identifier. D’abord chez autrui, puis dans notre propre langage. Florilège.

 ___ J’avoue ___

« – Franchement, Justin Bieber, il est trop beau ! – J’avoue. »

Que vient faire l’aveu d’une culpabilité dans un échange aussi futile ? Un « oui, c’est vrai » ne ferait-il pas aussi bien l’affaire ? Relevant du langage parlé et populaire, ce « J’avoue » est à comprendre au sens de « Ça m’embête de te le dire, mais oui » ou « Je dois bien reconnaître que tu as raison ». Dans ce cas, on « avoue » pour confirmer une affirmation (positive ou négative) donnée avec force par autrui et sur laquelle on n’a pas envie de polémiquer.

« – Sérieux comment c’est galère de venir chez toi ! – J’avoue. » ou « – Sérieux comment elle est relou ta mère ! – J’avoue ». Cependant, tous les aveux ne se valent pas : « Chéri, tu m’as trompée ! – J’avoue. »

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Une pub ébaubissante, épastrouillante, épatarouflante !

En matière de langue française, on sait que la pub est capable du pire. La dernière campagne d’affichage de Sephora, avec ces néologismes maladroits et futiles, nous en a donné une belle illustration. Mais quand, pour attirer de nouveaux visiteurs, la ville de Poitiers choisit de (re)mettre à l’honneur des mots rares et oubliés, littéraires et familiers, l’idée est vraiment bien trouvée !

Poitiers capitale romane ebaubissant

Ébaubissant : sensationnel, stupéfiant (du verbe ébaubir « étonner grandement »).

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