En temps de crise, une figure de style s’impose naturellement dans le paysage médiatique. C’est l’euphémisme bien sûr, utilisé pour atténuer une réalité désagréable. Récemment, par exemple, on a parlé d’un président « normal » pour ne pas dire inconsistant, d’ « efforts » plutôt de que rigueur, etc. Sur la toile aussi, l’euphémisme se décline, comme en témoigne ce message d’erreur vu sur Twitter :

« Twitter rencontre une anicroche » peut-on y lire. On avait bien « problème » ou « erreur », des termes couramment employés dans le jargon de l’informatique et du web. Mais pour faire patienter ses utilisateurs dans les meilleures conditions, Twitter a préféré piocher dans le langage littéraire.

En effet, l’anicroche, qui signifie « petite difficulté, léger obstacle », se rencontre notamment dans les oeuvres de Madame de Sévigné, Charles Péguy ou Louis-Ferdinand Céline.

Quant à celles et ceux qui n’ont pas pensé à relire leurs classiques avant d’aller twitter ? Un mot ignoré vaut sans doute mieux qu’un mot anxiogène… Sauf que phonétiquement, il y a dans « anicroche » quelque chose qui « cloche » et qui « accroche ». Est-ce parce le mot désigne, au sens propre, une arme recourbée en forme de bec ? Sous le masque du tact, souvent subsiste l’attaque !