Parce qu’ils ont été de farouches partisans de la Révolution française et que leurs noms se ressemblent, on pourrait confondre Jean-Paul Marat et Joachim Murat. Ainsi, le 24 juillet 2013, un article du dauphine.com rapportait l’inauguration d’une statue de Murat à Vizille, en Isère. Or la sculpture était à l’effigie de… Marat ! Une confusion d’autant plus intéressante que Murat a failli changer son nom en « Marat ». Savez-vous pourquoi ?
13 juillet 1793 : Joachim Murat est un jeune chef d’escadron de 22 ans quand Jean-Paul Marat, député montagnard de la Convention, est assassiné par Charlotte Corday. Or depuis 1791, Murat ne cache pas son admiration pour celui que l’on surnomme « l’Ami du peuple ». Afin de lui rendre hommage, Murat décide de « devenir » Marat. Il doit se dire qu’à une voyelle près, cela ne devrait pas poser de problème. Ce qu’il ignore peut-être, c’est que le nom du père de Marat, Sarde d’origine espagnole, s’écrivait Mara. Le « t » final ne sera ajouté que plus tard. Sans se poser plus de questions, Murat écrit au club des Jacobins, mais la chute de Robespierre le 9 Thermidor (27 juillet 1794) entraîne le déclin puis la dissolution du club quelques mois plus tard. Pas de chance ! La demande de Murat reste lettre morte. Murat reste donc Murat… Du moins pour l’instant.
Devenu aide de camp de Napoléon Bonaparte, puis général, il participe à la campagne d’Egypte de 1798. Et comme l’envie de changer de nom le titille toujours, il se fait appeler « Mourat-Bey », en référence à Mourad Bey, un chef mamelouk qui tient tête à l’armée napoléonienne. En 1808, à sa nomination comme roi de Naples,
Joachim Murat devient Joachim-Napoléon Murat. La raison est simple : l’Empereur Napoléon Ier se considère au-dessus des rois. Pour marquer sasuprématie, il impose à ses frères Joseph, Louis et Jérôme, respectivement roi d’Espagne, de Hollande et de Westphalie, de porter son prénom. Murat, qui est désormais son beau-frère,
n’échappe pas à la règle. À défaut d’avoir changé de nom, Murat gagne un prénom. Et quel prénom !
Et aujourd’hui ?
Si Joachim Murat ne semblait pas très attaché à son patronyme, celui-ci a-t-il été convoité par d’autres ? Malgré les apparences, le chanteur Jean-Louis Murat, né en 1952, n’a pas choisi ce pseudonyme en hommage au Maréchal d’Empire mais à la ferme de sa jeunesse, située… à Murat-le-Quaire. Joachim Murat a tout de même laissé son nom à la postérité : sa ville de naissance, Labastide- Fortunière (près de Cahors, dans le Lot) est rebaptisée « Labastide-Murat » par Napoléon III, à la mémoire de son oncle. À Paris, un boulevard du 16e arrondissement porte le nom de Murat.
Et Marat dans tout ça ? Suite à son assassinat, plusieurs villes de France, comme Saint-Nazaire ou Le Havre se sont appelées « Marat » pendant quelques mois. Mais à Paris, tout comme Robespierre, il est persona non grata. Il faut remonter à la Révolution pour trouver une rue de l’Ami du Peuple (actuelle rue Antoine Dubois) et une rue Marat (actuelle rue de l’École de Médecine), toutes deux situées dans le 6e arrondissement. En France, les restes toponymiques du sulfureux révolutionnaire sont à Tours (37), à Bobigny (93), à Saint-Cyr-l’École (78) ou encore à Ivry-sur-Seine (94) où la rue Marat héberge la « Maison des communistes ».