Calembour mon amour

L’année dernière, Monoprix nous avait étonnés (parfois dérangés) avec son « Réveillon nous », qui a fait l’objet d’un précédent billet. Ce Noël, l’enseigne de distrib-chic remet ça avec une déclinaison de différents messages « à calembours ».

Au menu, méli-mélo d’homophones français/anglais. Dans « Noël annonce la couleur », il faut sûrement sous-entendre « cool heure ». Idem pour la petite robe « très hot », qui n’est pas sans rappeller celle que porte la mère Noël. Mention spéciale à « bûche bée » et « sans foie ni oie », vraiment bien trouvés, et sans ambiguité orthographique (ouf!). C’est quand même plus audacieux que le « Jamais un sans deux » que Monop nous avait proposé à l’automne.

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Dans la famille France Arno, je voudrais France et Arno !

Pour sa nouvelle collection 2011/2012, l’enseigne de chaussure France Arno (groupe Eram) a choisi de revenir aux fondamentaux.

France, c’est la femme, Arno, c’est l’homme. Basta!

Concrètement, la  marque ne chausse plus les bambins, et, niveau originalité, se prend les pieds dans le tapis…

Au passage, le nom « France » dans France Info, Air France, France 2, France Football et même France Gall (soyons fous), véhicule un certain prestige, mais chez un fabricant de chaussures c’est tout de suite désuet, tradi, Geneviève de Fontenay…

Vieille France, quoi !

French prohibited *

La meilleure façon de vanter les mérites d’un constructeur automobile français ?

Le faire dans une langue étrangère pardi!

Prenons l’allemand par exemple. Il y a d’abord eu cette pub Opel où le démonstrateur détaillait, en allemand sous-titré, les équipements de la Corsa Série 111. Qui mieux qu’un Allemand pour parler de la « deutsche qualität »? Et au cas où la pilule ne serait pas bien passée, une voix off concluait, en français cette fois-ci « Pas besoin de parler allemand pour comprendre que cette Opel est une vraie voiture allemande ». Novateur pour une pub à destination du marché français mais pas révolutionnaire pour une marque… allemande.

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Un L un peu trop collant…

Voici comme s’intitule la nouvelle campagne d’affichage DIM pour la collection « Mod » automne-hiver 2011. Douze visuels, où l’on voit des mannequins aux jambes interminables photographiés dans différents endroits de Paris.

C’est donc bien de promenades qu’il s’agit. Je ne vois aucune allusion à la musique. Alors, pourquoi avoir orthographié ballades avec deux -l- ? Si cette confusion entre les homophones balade et ballade est (trop) courante, il est toujours étonnant de la voir ainsi « assumée » par une grande marque.

Or, quand on y regarde de plus près, on découvre que ces deux « faux-frères » entretiennent, depuis leur origine, des liens très étroits…

Le nom féminin ballade – emprunté à l’ ancien provençal ballada « chanson à danse, petit poème chanté » – s’est d’abord orthographié balade. C’est au XVIe siècle que le « l » se double. Il désigne aujourd’hui une composition musicale ou poétique (ex: les ballades de Chopin).

Or, le verbe « balader », qui signifiait « chanter des ballades » jusqu’au XVIe s., a gardé le « l » unique de l’ancienne graphie.

Mais d’où vient le sens actuel de « promenade »? Comme les jongleurs et aussi les mendiants allaient par les villes en chantant des ballades dans les carrefours, le verbe a signifié dans l’argot du XVIIe « aller en demandant l’aumône, en mendiant ». De là, on est passé à l’emploi familier pour « marcher sans but, flâner » jusqu’à la forme pronominale « se balader » (1858).

Sur ce verbe s’est formé le nom féminin balade, pour désigner, dans le langage familier, l’action de se promener et la promenade.

Cet exemple montre comment l’étymologie des mots permet de comprendre les subtilités de notre orthographe…et les motivations inconscientes de nos fautes (mais cela reste à démontrer !).

Cette leçon vaut bien un reblochon

Cette idée de surfer sur une erreur de prononciation courante est bien trouvée. C’est vrai qu’à l’oral, on a naturellement tendance à remplacer le « e » par un « o » afin d’équilibrer les sonorités et faciliter la prononciation du mot reblochon.  C’est la même chose avec « infractus » au lieu d’infarctus, « soupoudrage » au lieu de saupoudrage.

Mise dans la bouche d’une petite fille innocente, la faute déculpabilise les adultes qui retiendront quand même la leçon ! Et puis ça change des pubs mièvres sur les fromages aux soi-disant vertus aphrodisiaques…

Quand le français se tape l’affiche

À l’occasion de la sortie de Polisse, le nouveau (et très attendu) film de Maïwen, je ne peux m’empêcher de repenser à ces affiches de publicité ou de cinéma, lesquelles, affublées de leur slogan ou de leur titre « à faute » ont picoté nos pupilles toute l’année durant.

Tout a commencé pendant les fêtes de Noël avec cette affiche Monoprix où s’étalait, en lettres XXL, le message « réveillon nous ».

D’un point de vue publicitaire,  le jeu de mots, basé sur l’homonymie entre deux mots de la même famille – le verbe pronominal se réveiller, conjugué à la première personne du pluriel de l’impératif présent et le nom commun réveillon – est bien pensé. D’un point de vue orthographique, c’est une autre histoire. Passons sur la découpe incorrecte des syllabes et sur l’économie de trait d’union entre le verbe et son pronom réfléchi, et concentrons-nous sur ce « s » qui manque à l’appel.

On avait bien à notre disposition le verbe réveillonner, dérivé du nom réveillon, et qui donne, au même mode, au même temps et à la même personne : réveillonnons. Mais le rapprochement avec se réveiller, qui semble tant tenir à cœur aux créatifs, disparaît, et l’intérêt du message avec.

Alors on aurait pu imaginer le compromis suivant : « réveillons-nous ». L’homonymie est toujours présente et la conjugaison respectée. Certes, le nom réveillon, devenu pluriel, apparaît de manière plus subliminale à la lecture, mais l’association d’idées reste largement favorisée par le contexte des fêtes de fin d’année.

Bon, puisqu’on ne peut pas rejouer le match, et que les alternatives sont moins heureuses niveau « créa », imaginons qu’un élève de CE2, qui est justement en train d’apprendre les conjugaisons, tombe sur l’affiche. « M’man ya une faute là ! », « Où ça chéri ? », « Ben là !». « Ah ! heu, oui, tu as raison mon cœur, mais heu… c’est une publicité ». Et les « zéro pointé en dictée » de se découvrir une vocation prématurée pour les métiers de la pub…Ceci expliquerait cela…

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Pléonasme

Pas besoin d’être fluent pour comprendre ce que ce « it » signifie. Je l’ai souvent vu, au gré de mes lectures intellectuelles, placé devant « girl » ou devant « bag ». La « it-girl », c’est la fille du moment, la fille en vogue, la fille à (a)voir, bref, LA fille. Idem pour le sac. On est dans le même ordre d’idée que « the place to be ». Mais c’est la première fois que je le vois accolé à « car », un mot à connotation plus virile, mais why not?

En revanche, deux éléments me gênent.

Pourquoi avoir ajouté « du moment » à côté de « it-car », quand on sait que » it-car » veut déjà dire « voiture du moment »?!! Si ce n’est pour la lourdeur de la redondance?

Et pour couronner le tout, l’astérisque à côté de « it-car » renvoie explicitement, tout en bas de la page, à « la voiture du moment ».

C’est pour ceux qui n’ont toujours pas compris que la Merco, c’est la voiture grave en place, la voiture du moment du moment quoi !

A quand les cours d’anglais obligatoires chez les pubards?

Extraits pub Mercedes-Benz, magazine Be du 23 septembre 2011