Chers lecteurs,
Je dédicacerai 99 nouveaux dessins pour ne plus faire de fautes ce jeudi au Café Colette, Paris 14e.
Au plaisir de vous y rencontrer !
Sandrine
Sandrine
Pas moins de 2.400 mots pourront s’écrire plus simplement à la rentrée prochaine. Sandrine Campese, coach en orthographe et auteur du blog Plume à poil, était l’invitée de David Abiker sur Europe 1, samedi matin, dans C’est arrivé cette semaine. Alors que la réforme de l’orthographe sera appliquée en septembre prochain, cette spécialiste a réagi.
Passé la vive émotion, totalement compréhensible, on peut s’interroger sur la vraie nature de cette réforme, exemples à l’appui. Amoureuse de la langue française, j’ai décidé, pour une fois, de me faire l’avocat(e) du diable !
Déjà, en 1550, il était question de rendre l’orthographe conforme à la prononciation, pour permettre au peuple, principalement constitué de paysans illettrés, d’avoir une chance d’accéder aux livres, et donc au savoir (déjà, le nivellement par le bas !). Si l’on en croit les mauvaises langues, c’est l’inverse qui se produisit. Henri Estienne, imprimeur du roi François Ier, aurait fait exprès de complexifier le français en lui ajoutant des lettres venues du latin et du grec. C’est ainsi que l’orthographe française, d’abord phonétique, serait devenue étymologique. Par la suite, les réformes se sont succédé : 1718, 1740, 1835, 1878 et 1990, époques à laquelle, rappelons-le, le langage SMS n’était pas entré en vigueur.
La réforme de 1990 est sans commune mesure avec celle de 1835, qui a conféré à l’orthographe française sa tournure contemporaine. Parmi les rectifications majeures, le passage de « oi » à « ai ». Jusqu’alors, on disait « français » mais on écrivait « françois ». La graphie a fini par se conformer à la prononciation. Autre changement : le pluriel en « –nts ». Auparavant, on écrivait des dens, des enfans, des savans… Comment l’opinion a-t-elle accueilli cette « révolution » que personne aujourd’hui n’oserait remettre en cause ? Difficile à dire : les réseaux sociaux n’existaient pas…
Des experts ont été réunis en un Conseil supérieur de la langue française. À sa tête : Bernard Cerquiglini, agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres, spécialiste de l’histoire des langues. Les autres membres sont tous d’éminents linguistes, grammairiens, professeurs, éditeurs de dictionnaires… De plus, ces modifications ont reçu la bénédiction de l’Académie française, autorité dont tous les amoureux de notre langue, parmi lesquels les puristes les plus tenaces, se réclament aujourd’hui.
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1 – Dites « bonjour ».
Chez certaines personnes, la vue d’une faute provoque une réaction si vive qu’elles en oublient les formules de politesse les plus élémentaires. Alors avant de corriger quiconque, pensez à le saluer, comme c’est d’usage entre gens de bonnes manières.
– la faute : dire ou écrire arborigène
– la solution : penser au latin ab
C’est le préfixe latin ab-, indiquant l’éloignement, qui entre dans la composition du nom aborigène. Ce dernier n’habite donc pas dans les arbres (arbor en latin) mais dans le pays où il vit « depuis l’origine » (ab + origine).
Ce réflexe est tellement ancré dans nos habitudes (parfois depuis l’enfance) qu’il est difficile de s’en débarrasser. En rappelant la prononciation de 20 mots qui sont particulièrement source d’hésitations, ce petit tour d’horizon devrait permettre de lever certaines résistances et de délier enfin notre langue !
ABASOURDIR La tentation : dire [abassourdir] en pensant à « assourdir ». La bonne prononciation : le « s » se trouvant entre deux voyelles, on prononce [abazourdir].
Que les mauvaises langues n’aillent pas dire que je suis contre les jeux de mots dans la pub !
Celui-ci, par exemple, je l’aime bien.
Jouer sur les homophones coup et cou, au sein de l’expression boire un coup est une chouette idée. Surtout en plein Twilight 4 !
Saviez-vous que dans les expressions boire un coup, payer un coup, un petit coup, un coup de rouge… coup signifie (depuis le XIVe s.) « quantité de liquide que l’on boit en une fois »?
En espérant que les sms-addicts n’en abusent pas …
C’est donc bien de promenades qu’il s’agit. Je ne vois aucune allusion à la musique. Alors, pourquoi avoir orthographié ballades avec deux -l- ? Si cette confusion entre les homophones balade et ballade est (trop) courante, il est toujours étonnant de la voir ainsi « assumée » par une grande marque.
Or, quand on y regarde de plus près, on découvre que ces deux « faux-frères » entretiennent, depuis leur origine, des liens très étroits…
Le nom féminin ballade – emprunté à l’ ancien provençal ballada « chanson à danse, petit poème chanté » – s’est d’abord orthographié balade. C’est au XVIe siècle que le « l » se double. Il désigne aujourd’hui une composition musicale ou poétique (ex: les ballades de Chopin).
Or, le verbe « balader », qui signifiait « chanter des ballades » jusqu’au XVIe s., a gardé le « l » unique de l’ancienne graphie.
Mais d’où vient le sens actuel de « promenade »? Comme les jongleurs et aussi les mendiants allaient par les villes en chantant des ballades dans les carrefours, le verbe a signifié dans l’argot du XVIIe « aller en demandant l’aumône, en mendiant ». De là, on est passé à l’emploi familier pour « marcher sans but, flâner » jusqu’à la forme pronominale « se balader » (1858).
Sur ce verbe s’est formé le nom féminin balade, pour désigner, dans le langage familier, l’action de se promener et la promenade.
Cet exemple montre comment l’étymologie des mots permet de comprendre les subtilités de notre orthographe…et les motivations inconscientes de nos fautes (mais cela reste à démontrer !).