Les impostures culinaires (ou comment votre assiette vous ment)

Raymond Devos, dans un excellent sketch, prenait son public à témoin : « Avez-vous remarqué qu’à table les mets que l’on vous sert vous mettent les mots à la bouche ? »Et l’humoriste de se moquer, tout en maniant les subtilités de la langue française avec le talent qu’on lui connaît, de ces individus qui, littéralement, « alimentent la conversation », c’est-à-dire parlent la bouche pleine !

Pourtant, mettre des mots sur des mets (sans mastiquer en même temps !) est non seulement agréable pour nos sens et pour notre estomac, mais peut éviter bien des déconvenues. Car à l’oreille, l’appellation de certains aliments, qu’ils soient exotiques, rares ou raffinés, se révèle très équivoque…

Il y a d’abord les plats dont le nom semble « à l’envers », comme le curry d’agneau. Pourquoi ne dit-on pas tout simplement de l’agneau au curry ? Pourquoi diable l’épice est-elle placée avant la viande?

Lire la suite

Des adjectifs hauts en couleur

illustration penelope bagieu - texte la plume à poil

Si les mots vous manquent parfois pour qualifier une couleur ou une nuance ou si vous voulez simplement briller en société, alors…

Lire la suite

Jacques-Louis David ou Jean-Louis David ? Le pinceau vs le ciseau.

Jacques-Louis David et Jean-Louis David sont tous deux nés à Paris à 186 ans d’intervalle, le premier en 1748, le second en 1934. Jacques-Louis est peintre, Jean-Louis coiffeur. Ils excellent tous deux dans l’art du dégradé de couleur. La comparaison aurait dû s’arrêter là. Et pourtant…

Première coïncidence troublante, les David portent des prénoms composés. La mère de Jacques-Louis s’appelle Marie- Jacques-Louis_David_-_Autoportrait_(1794)Geneviève et son père Louis-Maurice. Une tendance qui se poursuit au XXe siècle, Jean-Louis ayant prénommé son fils Jean-Christophe. Rien d’étonnant à cela : pour faire carrière dans le capillaire, il est vivement recommandé de porter un prénom composé, tels Jean-Marc (Maniatis), Jean-Claude (Biguine), et Jean-Passe.

Ce n’est pas tout ! Très doué en dessin, Jacques-Louis aurait pu être architecte, comme ses deux oncles. C’est sa rencontre avec François Boucher, Premier peintre de Louis XV, et surtout celle avec Joseph-Marie Vien (prénom composé) qui l’amène à la peinture. De son côté, Jean-Louis, qui assiste les plus grands photographes des années 1960, comme Helmut Newton ou Herb Ritts, se destine à une carrière dans la mode. Il est des vocations qui ne demandent qu’à être contrariées…

Lire la suite

Nom, je ne regrette rien !

lumiereNotre nom de famille oriente-t-il, plus ou moins consciemment, nos choix de vie ? La question mérite d’être posée, car on ne peut imaginer une seule seconde que ce soit uniquement le hasard qui poussa les frères Lumière à inventer le cinéma et Charles de Gaulle à diriger la France. Pour preuve, il existe même une science qui étudie le lien entre les patronymes et les activités de ceux qui les portent : l’aptonymie.

 

Prédestinés ou rebelles

Il y a d’abord ceux qui portent bien leur nom. La chanteuse Amy Winehouse, trop tôt disparue, était connue pour ses problèmes d’alcoolisme. Dans un tout autre registre, qui mieux que Tariq Ramadan pour mener des travaux sur la religion musulmane ?

Lire la suite sur le site de WeLoveWords

Le plus rapide ou le plus court ?

Je ne sais pas si c’est la même chose pour vous, mais à chaque fois que mon GPS me demande de choisir entre le chemin le plus rapide ou le plus court, j’ai besoin de reformuler mentalement la question, tant les deux propositions me semblent proches.

le-lievre-et-la-tortue

Prenons deux chemins : A et B. Si le chemin A est plus court que le chemin B, alors je parcourrai plus rapidement le chemin A que le chemin B.

À priori, le chemin le plus court est aussi le plus rapide. On emprunte bien un « raccourci » pour se rendre plus vite d’un endroit à un autre…

Lire la suite

Bernard Bourée, Viticulteur

Notre patronyme oriente-t-il, plus ou moins consciemment, notre destinée ?

Ceci expliquerait pourquoi Pierre Bourée (le père de Bernard) décida, à la fin du XIXe siècle, de reprendre un commerce de vin et de lui donner son nom.

Comble de l’ironie, il choisit de planter sa vigne au lieu-dit « la Justice », situé en bordure est de la D 974 (Dijon-Lyon).

Certes, à l’époque, l’adjectif argotique « bourré » n’est peut-être pas encore entré dans le langage populaire. Il n’en demeure pas moins que, de notre point de vue, Bernard Bourée est un aptonyme, c’est-à-dire un patronyme dont le sens est lié à l’activité de celui qui le porte. L’aptonymie peut aussi porter sur les caractéristiques physiques ou morales d’une personne. Dans tous les cas, on pourra dire qu’elle « porte bien son nom » !

Le fait que les deux mots – ici Bourée et bourré – n’aient pas la même orthographe n’est pas gênant. Ce qui compte, c’est qu’un rapprochement puisse être spontanément établi, même s’il n’est que phonétique.

Et si notre viticulteur s’était appelé Bernard Sobre ?  Alors, ce serait un contraptonyme !

Et vous, connaissez-vous d’autres exemples d’aptonymes et de contraptonymes?

Chansons de notre enfance : ce qu’on ne nous a jamais dit !

Elles nous ont fait rire et danser, elles ont inspiré nos plus beaux dessins, elles nous ont aidés à trouver le sommeil : ce sont… les chansons de notre enfance ! À l’époque, nous apprenions sagement les paroles sans toujours bien les comprendre. Et pour cause : la plupart d’entre elles, à l’origine des marches militaires, datent du XVIIIe siècle et contiennent des mots d’ancien français qui ont depuis disparu ou dont le sens a évolué. Parce qu’il n’est jamais trop tard, voici la liste non exhaustive des principaux mots qui nous ont échappé !

___

Blonde : « Auprès de ma blonde, Qu’il fait bon, fait bon, fait bon, Auprès de ma blonde, Qu’il fait bon dormir ».

En 1704, date à laquelle a été composée la chanson, blonde signifiait « petite amie » ou « compagne », sens resté usuel au Québec. Ex : « Il va se marier avec sa blonde ».

___

Cadet : « Cadet Rousselle a trois maisons (bis) Qui n’ont ni poutres, ni chevrons (bis) ».

Héros (malgré lui) de cette chanson, Guillaume Rousselle est surnommé « cadet » car son frère aîné, Claude-Antoine, est né deux ans avant lui. La chanson ayant été reprise en 1792 par l’armée du Nord, le terme aurait aussi pu désigner le gentilhomme qui servait comme soldat. Mais Cadet Roussel était huissier à Auxerre et avait une maison biscornue.

Lire la suite

Tout sur Zou !

Zou !, c’est le titre de transport spécialement créé pour les étudiants de la Région PACA. Un nom bien trouvé qui rend hommage au parler provençal, tout en évoquant le mouvement. Allez, zou ! Lisez la suite !

L’histoire de Zou !

L’interjection Zou ! existe depuis … 1792 ! Malgré sa diffusion dans la France entière, grâce à des écrivains comme Daudet et Pagnol, elle a conservé sa connotation méridionale.

Zou !, ça veut dire quoi ?

Zou ! marque l’injonction d’agir et le mouvement. Dans notre exemple, zou ! peut se comprendre de deux manières :

1- au sens figuré, c’est un coup de pouce qui permet aux jeunes « d’aller de l’avant » : d’un montant de 15 euros, la carte assure la gratuité des trajets domicile-études et une réduction de 50% sur tous les autres déplacements.

2- au sens propre, zou ! évoque la nécessité de bouger, de se déplacer et donc prendre les transports ! À noter que pour évoquer la même idée, les Franciliens utilisent un anglicisme : le passe NaviGO.

Comment l’employer ?

Zou ! est une expression familière. Elle est souvent précédée de allez afin d’en renforcer le sens et d’ajouter du rythme. Exemple : « Allez, zou ! on va se coucher ! »

Une dernière chose !

L’expression zou maï, qui est propre à Marseille et ses environs, signifie : « ça recommence ». Exemple :  Allez, zou maï, il a encore le rhume !

Les néologismes des politiques

Quel est le point commun entre le général de Gaulle, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ? Ils ont tous utilisé, durant leur mandat ou au cours d’une campagne, au moins un néologisme.

Qu’est-ce qu’un néologisme ? Un mot nouveau, oui, mais pas seulement : ce peut être aussi un mot existant affecté d’un sens nouveau. Le néologisme est alors ressenti comme tel, il est subjectif.

Or, en la matière, nos politiques ont fait preuve de plus ou moins d’audace. Alors que nos trois présidents se sont contentés de « recycler » des mots désuets avec plus ou moins de succès, Ségolène Royal a inventé de toutes pièces un concept qui a fait couler beaucoup d’encre (et pas que de Chine !).

Que se cache-t-il derrière ces mots oubliés, soudain promis à une seconde vie ? Sont-ils l’objet d’une stratégie de communication bien définie, ou au contraire de la spontanéité, voire de la maladresse de leurs auteurs ? Retour sur quelques bons mots passés à la postérité.

Lire la suite